Louis Gallois était le grand témoin de la soirée de remise des prix du concours Alès Audace le 12 décembre 2017. Pour Les Patrons était présent pour recueillir le point de vue de ce grand acteur de l’économie française depuis plusieurs décennies. Voici le verbatim de son intervention à propos des défis des bassins industriels français, notamment en matière de croissance et d’emploi.
Le drame de la désindustrialisation
« Je me bats depuis bientôt trente cinq ans pour l’industrie française. J’étais Directeur Général dans l’industrie, j’ai dirigé quatre entreprises, j’ai été vingt-trois ans chef d’entreprises industrielles – la SNCF étant à part.
Je crois que j’ai démontré que je croyais en l’industrie : je pense que la France doit non seulement croire en l’industrie mais doit vouloir son industrie parce que l’un des drames de notre pays, c’est la désindustrialisation.
Quand on voit à quel point l’industrie structure les paysages dans les différentes régions de France et les drames que constituent l’effondrement de l’industrie dans certaines parties de la France, on sait que l’industrie est vraiment la clé.
Lorsqu’on regarde nos voisins, que ce soit l’Allemagne, où l’industrie est présente dans toutes les petites villes – ce qui n’est pas du tout le cas en France -, ou le Nord de l’Italie, qui est la région la plus industrielle d’Europe et qui concentre également une capacité à générer de l’industrie, on se dit que nous avons à reconquérir l’industrie.
Les défis de l’industrie française
L’industrie française a deux défis à relever. Historiquement, c’est une industrie qui se situe plutôt sur la moyenne gamme (en dehors de quelques fleurons, Airbus en est un évidemment) et elle se bat à la fois contre des industries haut de gamme type industrie allemande ou industrie italienne, mais elle se bat aussi contre les industries qui ont des coûts extrêmement bas parce qu’elle n’arrive pas à se différencier par la qualité, la réputation, l’innovation.
Le deuxième défi, qui découle du premier, c’est que vingt ans de désindustrialisation dans notre pays se traduisent par le fait qu’il y a énormément de « trous dans la raquette », c’est-à-dire qu’il y a beaucoup de secteurs où il n’y a plus d’industrie : or notre balance commerciale (notre balance de produits manufacturés) ne pourra se rétablir que si nous sommes capables de reconstituer un tissu industriel.
Plus de sites industriels qui se créent
Il y a néanmoins quelques éléments positifs actuellement. Les marges des entreprises industrielles, qui s’étaient effondrées après la crise de 2008, se sont reconstituées actuellement au niveau de 2007. Elles n’ont pas tout à fait atteint la moyenne européenne mais ce sont des marges qui deviennent correctes et qui permettent aux entreprises d’investir.
La conséquence, c’est que l’investissement industriel est reparti. On va avoir une croissance de l’investissement industriel en 2017 de l’ordre de 4% et on constate que pour la première fois depuis dix ans, il y a plus de sites industriels qui se créent que de sites industriels qui disparaissent. C’est un élément très positif.
L’importance des start-up
Autre élément très positif, c’est cette floraison de start-up en France. Il faut savoir qu’en matière de fonds disponibles pour le financement des start-up, la France va passer pour la première année depuis peut-être dix ou quinze ans devant la Grande-Bretagne, et elle est très en avance sur l’Allemagne. »
Vous pouvez retrouver l’intégralité de l’intervention de Louis Gallois en vidéo depuis la page Facebook d’Alès Agglomération. Ce passage se situe aux alentours d’une heure et vingt-cinq minutes de retransmission.
En savoir plus sur Louis Gallois
Louis Gallois a notamment été PDG de l’Aérospatiale de 1992 à 1996, puis président de la SNCF (de 1996 à 2006), coprésident, puis président exécutif et administrateur d’EADS de 2006 à 2012, et parallèlement, président-directeur général d’Airbus (2006-2007).
Il a été Commissaire Général à l’Investissement de juin 2012 à avril 2014. Il est depuis avril 2014 Président du Conseil de Surveillance de PSA. Parallèlement, depuis 2011, il est co-président de La Fabrique de l’Industrie, un laboratoire d’idées, destiné à développer la réflexion sur les enjeux et perspectives de l’Industrie.
Louis Gallois est également président depuis juin 2012 de la Fédération Nationale des Associations d’Accueil et de Réinsertion Sociale (FNARS) devenue au 1er janvier 2017 Fédération des Acteurs de la Solidarité. Il a été nommé président de l’association Expérimentation Territoriale contre le chômage de Longue Durée (ETCLD) le 18 juillet 2016.