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L’impact de l’architecture sur notre perception du quotidien

par | Tribunes

11 Juil, 2017

C’est désormais une évidence, notre espace de travail influence notre épanouissement professionnel. Mais qu’en est-il de l’environnement architectural vis-à-vis de notre quotidien? L’actualité récente nous apporte des éléments de réponse.

La pyramide du Louvre, premier marqueur symbolique du quinquennat Macron

7 mai 2017 : Emmanuel Macron devient le huitième Président de la Vème République Française. Le soir-même c’est au Louvre, avec en toile de fond la célèbre pyramide conçue par l’architecte Pei, qu’il prononce son discours de victoire. Un choix de forme qui nourrira les commentaires au moins autant que le contenu du discours lui-même.

Plusieurs facteurs expliquent ce phénomène. Le poids des symboles historiques ou politiques est certes à prendre en compte : la longue marche en solitaire dans les arcanes du Louvre rappelait ainsi à plusieurs commentateurs celle de François Mitterrand trente-six ans plus tôt au Panthéon, quand d’autres voyaient dans ce cheminement l’appropriation personnelle de la charge unique de chef de l’Etat.

Mais l’élément le plus important lors de cet événement à portée historique était sans nul doute l’environnement architectural qui l’accueillait, celui d’un palais acteur de l’histoire depuis le règne de Philippe-Auguste et dont la pyramide de verre conçue par l’architecte Pei a écrit un peu plus la légende.

L’architecte Pei et la pyramide du Louvre

Le 26 avril dernier l’architecte sino-américain Ieoh Ming Pei a fêté son centième anniversaire. Lauréat du Prix Pritzker (équivalent du Nobel de l’architecture) en 1983, on lui doit de nombreux édifices sur tous les continents, marqués souvent par une inspiration cubiste et l’utilisation de matériaux bruts (pierre, béton, verre et acier).

C’est aussi en 1983 que le Président François Mitterrand confie à M. Pei le chantier du Louvre. Quelques années auparavant, en 1978, il avait beaucoup apprécié le travail de l’architecte sur la nouvelle aile de la National Galery of Art de Washington.

M. Pei va alors proposer un projet comprenant une pyramide centrale en verre haute de 21,64 mètres entourée de sept bassins triangulaires et de trois petites pyramides de 4,92 mètres. La notion de transparence liée au verre est indissociable du projet : Jean-Luc Martinez, Président du Louvre, rappelait ainsi récemment que « Pei avait imaginé le hall sous la pyramide comme un espace entre la ville et les collections, une interface entre l’extérieur et les œuvres ».

Ce projet va soulever beaucoup de critiques au moment de sa présentation au grand public. Mais près de trente ans après son inauguration, peu nombreux sont ceux qui remettent en cause sa légitimité dans le paysage parisien ou son statut d’icône architecturale aux côtés de la Tour Eiffel et d’autres lieux emblématiques de la capitale.

L’architecture, écrin du quotidien

Au XIXème siècle Emile Zola avait conçu ses romans comme des expériences scientifiques : un personnage principal surgissait systématiquement dans un milieu (sociologique, professionnel) donné dont les règles étaient soigneusement circonscrites. Le roman devenait alors l’analyse quasi scientifique de la réaction du milieu à l’intrusion du personnage.

Il en est ainsi de notre quotidien : notre travail, nos déplacements, nos loisirs prennent place dans des cadres différents (nature, ville, intérieur, etc.) qui en imprègnent – et parfois en orientent – le déroulement au travers de correspondances chères à Baudelaire : « Les parfums, les couleurs et les sons se répondent. »

Ainsi lorsque Emmanuel Macron prend la parole le 7 mai 2017, la pyramide du Louvre et sa charpente en losanges se détachent derrière lui. Au-delà des réflexions politiques l’image est forte : nous sommes dans la cour de l’un des plus prestigieux palais de l’histoire de France et cette pyramide recouvre le hall du plus connu des musées du monde. Le nouveau président a besoin de ce cadre, porteur à la fois de solennité et de modernité, d’histoire et de culture.

En amont, le rôle de l’architecte est donc loin de se limiter à l’aspect fonctionnel du bâtiment qu’il conçoit. Pour l’architecte français Philippe Chiambaretta, « le rôle de l’architecte est de fabriquer un organisme qui s’insère dans un ensemble à l’image d’une greffe. Un bâtiment réagit à son environnement et le transforme. »

Exemple intéressant, l’Arbre Blanc, actuellement en construction à Montpellier : cette tour de 17 étages hérissée de balcons et d’ombrières comme autant de ramures, devrait comporter 113 appartements dotés chacun d’un, deux ou trois balcons de 18 à 42 m2. Quant aux façades, elles devraient comporter 45% de surfaces vitrées.

Par un tel projet, sans changer le mode de vie des futurs habitants de l’Arbre Blanc, les architectes en révolutionnent l’expérience. La ville s’offrira à leurs yeux sous un angle inédit depuis les balcons multiples et intègrera dans le même temps à son horizon cette silhouette claire et massive.

Autre exemple frappant, celui de la tour Luma Arles, projet porté par l’architecte californien Franck Gehry. Cet édifice déploie, autour d’une colonne vertébrale monolithique, quatre tours pétales recouvertes de 11 500 blocs d’acier inoxydable ayant bénéficié de trente types de martelages différents. A la lumière du jour ils feront briller l’édifice « comme des couleurs de Van Gogh », rapporte L’Obs.

Donner forme à un moment de son histoire à la culture et à l’identité d’un lieu pour l’accompagner vers l’avenir, voilà quel est le rôle de l’architecture dans notre société. Paul Claudel l’exprimait ainsi : « L’architecte est celui qui a vocation par son art d’édifier quelque chose de nécessaire et de permanent. » Et derrière l’architecte, celui de l’industriel est de dompter les matières premières pour donner corps à cet édifice.

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Auteur de l’article :

Citynox